Faim de sens

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Par Gabriella Tamas
29 avr. · 3 mn à lire
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Comment j'ai augmenté mon quotient bonheur avec des petites choses au quotidien

Retour de mon expérience sur l'exercice que je vous ai proposée au zoom de mars

J’ouvre le lave-vaisselle. Je tire le tiroir du bas, puis ma main se fige à mi-chemin. Un temps d’arrêt. Puis, je referme la machine et je vais m’asseoir à côté de ma fille à table. J’ai décidé de faire une expérience et d’amener plus d’amour et de partage au moment du petit déjeuner. 

Je m'assois donc. Je regarde ma fille, qui tartine ses pancakes de miel d’oranger. Mes jambes fourmillent d’énergie pour sauter debout et commencer à m’activer : vider le lave-vaisselle, laver la poêle des pancakes, puis charger les plats du repas dans la machine, sans parler du fait qu’il faut que j’envoie un mail avant de commencer à travailler, non, en fait, il faut que j’en écrive plusieurs, et je voulais encore relire mes notes avant de commencer la formation, et…. 

J’arrête le flot de mes pensées, avec un effort considérable : tu te souviens, tu as décidé de prendre plaisir durant ce moment de petit déjeuner avec ta fille, au lieu de courir partout derrière son dos. Du calme ! 

Je me reconcentre sur le moment présent : à table, assise sur une chaise en bois, en face de ma fille qui termine son deuxième pancake. 

- Il me reste que cinq entraînements avant de partir. - partage-t-elle soudain.

- Que cinq ? 

- Oui, c'est dingue. Je ne sais pas comment je vais survivre deux mois sans  entraînement. 

Elle part deux mois en Irlande et c’est une férue de badminton de la pire espèce : rien d’autre ne compte dans sa vie. Ou presque. A vrai dire, moi non plus, je ne sais pas trop comment elle va survivre deux mois sans badminton. 

- Quand tu reviendras, tu feras le stage d’été, direct - je lui souris. 

Les stages d’été de son club sont légendaires. Ils durent une semaine et sont plus qu’éreintants. Après cinq jours, elle a besoin de cinq autres jours pour récupérer, sans parler des massages et du kiné.

- Alors plutôt j’irai au stage d’Eric. C’est plus sympa. 

- Oui, tu pourrais aussi l’aider, maintenant. 

- Déjà, l’année dernière il m’a confié de faire des exercices avec les petits. 

Un petit silence s’installe. Puis elle sourit. 

- Quoi ? 

- J’ai dit les petits. 

- Et ? 

- Ils ont 13 ans. C’était moi, hier.

- Oui, tu as grandi vite…

- Mais c’est bizarre. Dans ma tête j’ai 13 ans, mais j’ai aussi 14 ans et 16 ans. Tout à la fois. C’est comme ça toujours ? 

- Moi, dans ma tête j’ai 28 ans, tu sais ? 

- Mais alors moi aussi, je vais être vieille ? - bon je ne relève pas, il ne s’agit pas de mon amour-propre, pour elle toute personne au-dessus de vingt-cinq ans est vieille….)

- A ton avis ? 

- J’avoue, je n’arrive pas à comprendre. Déjà maintenant, n’ayant que 16 ans dans ma tête, je n’arrive pas à suivre, alors comment ça va être après ? 

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Wow, incroyable, cette discussion. Il est six heures trente, un lundi matin. Normalement à cette heure ci, je suis en train de m’activer pour que tout soit dans l’ordre et que la journée se déroule sans heurts. Sans profiter du moment.

Alors, j’ai décidé de faire une expérience : : choisir un moment, choisir quelque chose qui est important pour moi et essayer de l’inviter dans cette situation. Comme ma fille va partir, (et l’autre est déjà partie), je me suis dit que je souhaitais profiter de ces moments de petit déjeuner, où nous sommes côte à côte dans le même espace, sans vraiment nous rencontrer. Alors pour en profiter tant qu’elle est encore là, j’ai décidé de lui donner la priorité, à elle et au partage, au lieu de succomber à l’appel de ma to-do liste du matin. 

Si j’avais fait comme d’habitude, j’aurais commencé à vider le lave-vaisselle, nettoyer la poêle des pancakes à la banane, voire commencé à ranger la table. Les tâches auraient élevé un mur entre elle et moi. Bien sûr, on peut toujours parler en faisant quelque chose, mais l’attention concentrée fait visiblement des miracles, (pas qu’avec les clients que je suis), mais aussi avec les membres de la famille.

Ce matin, je suis descendue dans la cuisine les yeux à moitié fermés après une bataille perdue contre la nuit : mes trois heures d’insomnie entre 2 et 5 heures, puis un rendormissement et le réveil à 6 heures font que ma seule pensée était le café. J’ai allumé la cafetière, et merde, pas d’eau. J’ai rempli le réservoir avec de l’eau filtrée, j’ai posé le coussinet rempli de café du Pérou dans son emplacement et j’ai fermé le petit clapet. J’ai attendu que le led arrête de me stresser avec son rouge intermittent, puis au feu rouge continu j’ai appuyé sur le bouton. Le bruit de la machine a déchiré mes tympans, mais j’étais  récompensée par ma drogue matinale noire. 

J’ai savouré mon café gorgée par gorgée, et à un moment donné, je me sentais capable de me lever de la méridienne. J’ai ouvert la porte du placard, pêché les deux assiettes qui restaient au fond - il faudrait vider le lave-vaisselle - puis j’ai mis la table du petit déj. 

Ma fille est arrivée, avec les traces de sommeil encore dans les yeux. Mon mari est en déplacement, ma grande fille se bourre le crâne à l’université, nous ne sommes que toutes les deux ce matin.

- Comment t’as dormi ? 

- Ça va. 

- Tu as envie de quoi ce matin ? 

- Des pancakes ? 

- Ok. 

- Je vais m’habiller pendant ce temps-là. - et elle repart à l’étage. 

Dopée par le café, j’ai attrapé une banane dans la corbeille à fruits, je l’ai dénudée énergiquement, et sans vergogne, je l’ai réduite en purée. L’odeur lourde de la banane mélangée aux arômes de café flottait dans l’air matinal. Puis j’ai pris le levain du frigo, j’ai mis quelques cuillères dans la banane liquide, j’ai cassé deux œufs de nos poules dans la préparation : un marron foncé et un vert. Après avoir ajouté un peu de sel et du bicarbonate, j’ai déposé des tas dans la poêle pour faire des pancakes. Le dernier n’était pas encore sortie que ma fille est revenue dans la cuisine et s’est installée à table. 

- Tiens, ceux-là ne sont plus très chauds. - je lui en ai mis trois de la première tournée sur son assiette. 

- Merci Maman !

Une fois les pancakes sur son assiette, par habitude, j’ai voulu commencer ma routine matinale en ouvrant le lave-vaisselle. 

J’ai tiré le tiroir du bas, puis ma main s’est figée à mi-chemin. Un temps d’arrêt. Puis j'ai refermé la machine et je me suis assise à côté de ma fille à table.  

Je suis curieuse : demain, elle va parler de quoi ? 

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