Dans la vie, il y a des averses...
Dans la vie, il y a des averses.
Des averses venues soudainement, dans un ciel bleu, avec leurs gros nuages — des nimbostratus ? ou stratocumulus ? — gris foncé, qui envahissent tout à coup la perspective en mangeant les couleurs éclatantes.
Des averses qui déversent leurs brassées de gouttes glacées, aidées par les rafales qui se chargent de les porter jusque dans des recoins improbables, jusqu’à couler dans votre dos, imitant des sueurs froides et trouvant le chemin jusqu’à la culotte.
Des averses qui prennent des allures de douches froides, à la différence près : même quand le robinet céleste est fermé, vous êtes mouillé. Trempé jusqu’au dernier sous-vêtement, malgré votre K-way même pas premier prix. Gelé jusqu’aux os, même quand vous vous remettez en marche, pour vous réchauffer.
Cette averse, c’est la dernière goutte qui fait déborder la vase de pensées obstinées, que votre pitbull de cerveau ronge inlassablement, espérant qu’il reste encore un peu de matière à mâcher dessus.
Bien sûr, il n’en reste pas.
Même ce chien, têtu comme une mule, le sait — mais il ne peut pas s’en empêcher.
Il lui faut un truc à ronger.
À présent, vous vous accroupissez sous les branches enveloppantes d’une espèce de haie-buisson, surmontée de ronces rougeâtres, en espérant que les quelques feuilles qui restent vous protégeront des gouttes.
Vous arrivez à peine à voir. Vous percevez néanmoins les rafales — d’abord au son sur votre K-way, puis à l’épaississement de la blancheur environnante. Et parce que votre équilibre vacille, même accroupi.
Le chien tourne la tête : trop de blanc, ça l’éblouit.
Ses yeux rencontrent un truc étrange.
Une sorte de trait gris, parsemé de taches plus claires.
Ne serait-ce pas du bleu ?
Ça doit être un mirage.
Mais non — regarde, marmonne le chien.
Il bouge.
En fait, ils bougent.
Il y en a plusieurs.
Des nuages.
Dans le ciel.
Dans du ciel qui devient bleu clair.
Le chien, incrédule, assiste au déplacement des nuages, à l’éclaircissement du ciel.
Il en oublie même la pluie, les gouttes, le froid, la culotte.
À droite, la pluie.
À gauche, le ciel bleu.
Qui se rapproche.
La frontière devient de plus en plus visible.
Le chien lève la tête et regarde au-dessus :
- Ça va être fini.
- Bientôt. - je réponds - Très bientôt.
— Mets tes lunettes de soleil ! ordonne le chien.
Des obstacles barrent le
chemin déjà escarpé.
Passer ? Contourner ?
Les obstacles sont les récoltes des anciennes prairies jadis verdoyantes et fleuries, fauchées à la fin de l’été, puis pressées en meules ou en bottes. Ainsi fanés, compressés, les souvenirs deviennent lourds, pas faciles à déplacer. Parfois, le vent les emporte, les fait rouler, et ils viennent alors barrer le chemin de belles découvertes.
Mais en permaculture, le foin sert aussi à pailler le sol, à le protéger du froid et des nuisibles. La grosse botte, une fois défaite en brassées, prend de la légèreté et acquiert une fonction protectrice et nourricière.
Honorons donc nos bottes de foin, remercions-les.
Et mettons-nous à les utiliser, petit à petit, pour prendre soin de notre jardin, le nourrir, le protéger. Transformons les gros obstacles en alliés précieux, pour nous cultiver et préparer de belles récoltes à venir.
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Gabriella Tamas
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