Une histoire entre deux newsletters pour vous régaler
Je plonge ma main dans le sable composé de farine, d’épices, de sucre, et je malaxe le beurre froid. La pâte commence à former de petits îlots sous mes doigts ; je sens l’odeur de la cannelle et du gingembre. Les cristaux de sucre éraflent doucement ma peau avant de disparaître dans le mélange. La couleur du potimarron est bien visible, même mes ongles prennent une teinte orangée et pêchue. Le four ronronne discrètement à ma gauche, préparant le lit chaud pour les scones.
Je me surprends à chantonner Sugar, sugar, oh, honey honey, en souriant bêtement au-dessus de mon bol. Le son du papier cuisson qui se déchire résonne comme un tonnerre dans le calme matinal. Il est six heures, et avec un peu de chance, les scones seront à bonne température pour le petit déjeuner du dimanche.
Après m’être levée à l’aube – ou même avant, pour être honnête –, j’ai fait mon rituel d’écriture pour éclaircir mes pensées, savoir où j’en suis et prendre ma température intérieure. Puis j’ai commencé à faire défiler un peu Instagram et j’ai vu cette recette. Mais quelle bonne idée ! J’ai du potimarron déjà cuit dans le frigo, vestige des expériences de sirop pumpkin spice de ma fille. Le reste des ingrédients fait partie de notre stock habituel de placard et de frigo.
Je saute sur mes pieds, cours dans l’arrière-cuisine chercher le beurre et la courge au frigo, et moins de deux minutes plus tard, je plonge ma main dans la pâte avec délectation. Une fois la pâte aplatie sur le papier sulfurisé, je forme un disque de la taille d’une assiette, découpe en huit parts et éloigne les triangles les uns des autres pour leur permettre de grandir à la cuisson.
Le thermomètre du four cesse de clignoter et j’enfourne les scones pour une vingtaine de minutes. Puis je me rassois, le cœur rempli de joie. Je me demande à quoi vont ressembler ces petites pâtisseries anglaises à la sortie de leur voyage transformatif. Dorées, j’imagine. L’alchimie des ingrédients, la chaleur et l’amour de mes mains se retrouveront sur la table du petit déjeuner, dans les assiettes du dimanche. Le reste trônera au milieu, à côté d’une rose tardive du jardin.
L’anticipation du plaisir me donne envie de partager, non pas sous forme de recette, puisqu’elle existe déjà ailleurs, mais comme une expérience. Pendant que je tapote sur mon ordinateur portable, l’arôme des quatre-épices vient chatouiller mes narines. Il m’apporte des promesses de douceur, de partage, d’automne doré, d’amour et de rires. L’odeur monte les escaliers et invite mes enfants à se réveiller. Elles vont bien entendu résister le plus longtemps possible, mais le programme est dense, et ce petit rien, préparé en vingt minutes, adoucira la dure réalité : il faut démarrer.
Le bip du four retentit et me fait poser l’ordinateur à côté du chat, qui observe avec attention chacun de mes gestes. Quand j’ouvre la porte du four, une vapeur délicieuse m’atteint le visage et se dépose en goutte sur mon nez. Les triangles dorés sont bien gonflés, craquelés, comme il sied à tout scone sans gluten qui se respecte. Je place le plateau sur la gazinière éteinte, j’allume la lumière au-dessus pour mieux voir leur couleur : le volet est ouvert, mais le soleil fait encore la grasse matinée.
Les scones émettent de petits cris de joie que je comprends comme une invitation à la dégustation. Mais ils vont devoir encore patienter un peu. Je prépare la table, je sors le sirop de pumpkin spice du frigo — autant doubler la dose de courge et d’épices. Devant la jolie bouteille de récup’ remplie de liquide épais et doré, les tasses en poterie maison, les petites assiettes du dimanche, l’odeur des scones au potimarron, tous les pumpkin spice lattes de Starbucks peuvent aller se rhabiller.
Je me remets sur le canapé, avec mes coussins, le chat sur mes genoux, et j’attends le réveil et la descente bruyante de mes enfants pour faire la fête des scones.
Vous trouverez la recette original de The Loopy WhiskICI.
(J'ai réduit le sucre à 50 g, utilisé de la farine de riz complet, omis la gomme. et ajouté 1/2 c à c de psyllium à sa place.)
Bon dimanche à vous
Gabriella