Et si on parlait d'Amour ?

Amour avec un grand A

Faim de sens
6 min ⋅ 12/02/2025

-Tu aurais envie de venir dans l’émission radio Et si on parlait d’amour ? 
-Comment ça ? 
-Je fais une émission radio où j’invite des personnes pour parler d’amour. Si tu veux, je t’envoie une émission enregistrée  pour que tu voies de quoi il s’agit.

En vérité, une peur bleue m’envahit à la demande d’Antoine, semeur d’amour à travers ses projets et ses marathons. 

Parler. 

De l’amour. 

Je peux parler de beaucoup de choses, en formation, en conférence, dans mes articles pour mes sites et ici, dans cette newsletter. Mais je ne vois pas en quoi je pourrais parler d’amour, ce n’est pas mon sujet de prédilection, contrairement à Antoine. 

Avant de continuer ma newsletter, je voudrais vous remercier infiniment de me suivre, de me lire et de vous laisser emporter. C’est un grand pas pour moi de m’exprimer ici et je ressens une gratitude profonde pour votre fidélité et vos retours bienveillants et positifs.
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Depuis que nous avons engagé la conversation, nous n’arrêtons pas à échanger sur les divers sujets, en commençant par le burn out qui s’est invité dans nos vies respectives, jusqu’aux livres, la créativité, l’engagement, les crises, le sens, la thérapie et bien d’autres. C’est lors d’une de ces conversations qu’il me pose la question. 

Nous avançons sur le chemin détrempé par les crues, en pataugeant parfois jusqu’aux chevilles dans la gadoue. 

-Ok, je réfléchirai - j’arrive à bredouiller. 


Il m’envoie l’enregistrement quelque temps après et je l’écoute. 

Ma peur s’intensifie. 

Comment être à la hauteur ? 

Comment ajouter quelque chose à cela qui sera différente et qui a de la valeur pour les personnes qui vont écouter l’émission ? 

Et surtout : de quoi vais-je parler ?

Antoine me rassure la prochaine fois quand nous échangeons sur la possibilité de l’émission : “Est-ce que toi, ce que j’appelle Amour, tu ne l'appellerais pas “respirer avec la vie” ? Tu parleras de ce qui te correspond. “

Ça me tranquillise un peu, mais je ne peux pas m’empêcher de réfléchir : il faut que je creuse, que je comprenne, pour que les écouteurs ne soient pas trompés, ou déçus, et repartent plus riche.

Les mots et leurs significations

Puis un matin, en marchant, je discute avec mon amie Gaëlle. Le matin, avant de la rencontrer, il m’est venu à l’esprit que dans ma langue maternelle, il y a deux mots pour l’Amour. Sur le chemin sinueux du Pont Barré, entre le ruisseau dévalant la pente de son élan printanier et le chemin détrempé des pluies, où nos chaussure prennent la couleur de la terre et nos chaussette se remplissent d’eau froide, je la sollicite :

-Y-a-t-il plusieurs mots dans l’arabe pour dire amour ? 
-Oui, il y a plusieurs mots pour amour en arabe : un pour l’amour en général, l’autre pour l’amour passionné, charnel. 
Puis elle ajoute : 
-Si ma mémoire est bonne, dans les langues anciennes, c’est le cas. 
-Je vais vérifier alors dans les autres langues.

Une mémoire lointaine nage vers ma conscience de mots en sanskrit, sans atteindre toutefois les berges pour s’y accoster. Souvenirs trop lointains. Ou trop douloureux. 

En effet, je suis sur la bonne voie. L’hébreu, le grec, le sanskrit (tiens, je passe plus vite sur celle-ci), le japonais, le coréen, le hongrois, le latin et l’arabe différencient l’amour, à minima l’amour charnel, de l’amour général, comme pour Dieux et pour les autres. Certaines langues en ajoutent d’autres nuances. Ainsi, malgré mon ignorance totale dans la matière, j’opte plutôt pour le grec, terrain plus neutre pour moi que le sanskrit :

  • Eros désigne l’amour charnel

  • Philia l’amour amical, la fraternité

  • Storga - l’amour familial

  • Agapé - l’amour inconditionnel

Ouf, je commence à respirer un peu plus librement. Nous sommes donc en train de parler de l’Agapé. (en tout cas, moi :-) J’étais induite dans l’erreur de traduction et le manque de nuances linguistiques :  le mot amour étant lié à un seul concept dans ma tête, puisque ma langue maternelle en offre d’autres, j’étais limitée dans ma réflexion. 

J’avance donc, mais je ne comprends toujours pas, quel est le lien Agapé et la faim de sens, ce qui me préoccupe. 

Je fais donc ce que je fais dans ce cas : je tourne vers les livres. 

Sur l’étagère surchargée, je sais que derrière cette rangée d’ouvrages en hongrois, plutôt axées histoires, il y a une autre rangée, avec des livres plus profonds, philosophiques. Le manque de lumière et la décoloration du dos ne m'aidant guère, je déniche tout de même le livre jadis rose, devenu bleuâtre. Le livre est petit, date de bien avant ma naissance, et des feuilles orphelines tentent d’y échapper quand je l’ouvre. Mais il est malgré tout entier dans le sens qu’il n’y pas de page qui manque. Je m’installe donc sur le canapé, avec le chat sur mes genoux et le soleil qui risque une percée dans le ciel brumeux de janvier et qui vient nous caresser à travers la baie. Serait-ce le début d’un éclairage ? 

L’amour selon Erich Fromm

Dès les premières pages, je me sens happé, et pendant la demi-heure qui me reste avant mes devoirs de maman librement consentis et joyeusement exécutés, Fromm me nourrit de ses réflexions. Il distingue cinq formes d’amour, qui rappellent les distinctions grecques :

  • L’amour fraternel (philia en grec) : un amour basé sur l’égalité et la solidarité.

  • L’amour maternel : un amour inconditionnel, qui donne sans attendre en retour.

  • L’amour érotique (éros) : un amour passionnel, souvent confondu avec le désir.

  • L’amour de soi : une forme de respect et d’acceptation de soi (et non pas égoïsme)

  • L’amour de Dieu (agápê) : un amour universel et spirituel, qui s’adresse à l’humanité entière.

Ce dernier type d’amour est central chez Fromm, on va dire le sujet principal du livre. Il considère que l’amour véritable n’est ni une possession, ni une dépendance, mais un acte de don, un engagement actif envers autrui.

C’est super, j’ai beaucoup appris sur l’amour (dans la théorie). Je cours à la voiture, je vais être en retard pour l'entraînement de ma fille cadette. 

Toutefois, je ne vois toujours pas le lien entre l’Amour dont parle Antoine et mes recherches sur le Sens. Jusqu’à ce que, le soir venu, je replonge dans mon livre et je tombe sur ce passage qui parle d'isolement ou de séparation, et les outils que l’humanité a trouvés d’y faire face. Selon Fromm l’amour est la seule véritable réponse à la solitude existentielle de l’être humain. (les autres voies, moins efficaces, mais plus répandues, vous pouvez les voir au quotidien si vous ouvrez les yeux, pas la peine de les présenter ici…)

Et là, tout d’un coup, je comprends, j'entrevois un chemin. Ou plutôt un passage. Qui, plus j’y réfléchi, plus ça prend forme et s’étoffe de détails.

Le lien - les défis existentiels de l’être humain

Voici ce que j’ai découvert : 

J’ai créé cette newsletter Faim de Sens en janvier 2024, où j’ai commencé à comprendre que je traversais une période de questionnement. À l’époque, je ne savais pas plus sur ce qui se passait, et en même temps le nom de la newsletter s’est imposé comme une évidence. Tout au long de l’année j’ai partagé avec vous toutes sortes de choses qui pouvaient donner sens, consistance, présence à la vie, en espérant que mon témoignage et les pratiques proposées vous apportent aussi la même chose. 

Puis, je ne me souviens plus comment, il m’est devenu évident que j’étais en questionnement existentiel profond. C’était un soulagement de pouvoir mettre des mots, et j’ai encore utilisé ma tactique habituelle : je me suis tournée vers les livres, en particulier de ce thérapeute qui a écrit entre autres sur la thérapie existentielle. Je l’ai étudié suite à ma formation en lien avec les questionnements existentiels l’approche d’Irvin Yalom. 

Dans le livre jaune avec un œuvre de Klimt sur sa couverture, difficile à tenir en main, tellement il est épais, je suis allée directement à la page huit cents : c’est là ou après les trois autres défis existentiels humains - la mort,  la liberté, et l’isolement - l’absence de sens était traité. 

Dans la newsletter Faim de Sens, je me suis, inconsciemment, focalisé sur ce défi existentiel humain, sans trop le savoir.

Et c’est là où tout se concorde !

Revenons à Fromm et à son idée que l’Amour (Agapé) est la seule véritable réponse à la solitude existentielle de l’être humain. Nous avons tous un besoin profond de connexion, et ce besoin ne peut être comblé que par un amour authentique, qui va au-delà de la simple attraction ou du besoin de sécurité : l’amour véritable est une manière d’être au monde, et non une simple émotion fugace.

Et dans les traditions philosophiques et spirituelles, Agapé est souvent associé à une quête de sens et de transcendance. 

C’est simple, comme bonjour, mais je ne voyais pas jusqu’ici. 

Et voilà, je comprends à présent. 

Et si on parlait d’amour ? 

Et si on parlait d’amour en ce mois de février, où le commercial a pris le dessus sur l’essentiel, ne laissant derrière lui qu’une carcasse sucée jusqu’à la moëlle par nos fantômes modernes…

Et si on revenait à l’essentiel, ce qui compte véritablement : le lien entre les êtres humains pour les relier, pour partager, pour faire grandir, pour vivre, et au final, pour être ? 

J’ai donc dit oui à Antoine Vernier pour l’émission radio. Nous allons parler d’Amour (Agapé) dans son émission mensuel Et si on parlait d’amour ?

Si vous ne le connaissez pas, Antoine est à l’origine du projet Semons l’amour pour le récolter, et à rallier Angers à Jérusalem en courant 100 marathons pour arrêter la guerre et trouver le chemin de l’Amour.  Vous pouvez voir son grand périple ici : https://www.semonslamour.org/ et je vous préviens, il en a eu d’autres…

Je ne sais pas ce qui en sortira, mais si vous vous connectez à Radio G le 28 février à 19h, vous pourrez entendre en direct notre conversation.
https://radio-g.fr/




Faim de sens

Faim de sens

Par Gabriella Tamas

Bonjour et bienvenue !

Je m’appelle Gabriella Tamas, je suis chercheuse de sens à travers la simplicité du quotidien et la nature, amoureuse de la vie, passionnée par l’accompagnement des êtres humains dans la transformation de leurs défis en opportunités pour grandir. À travers mon travail dans le domaine de l’alimentation, j’ai aidé des milliers de personnes à mieux nourrir à la fois leur corps et leur cœur. J’ai également formé des centaines de professionnels pour ouvrir une nouvelle voie dans l’accompagnement. Notre livre, Quand l'alimentation nous bouffe la vie, coécrit avec Chine Lanzmann (Eyrolles, 2019 et 2023), a permis à de nombreux lecteurs d’avancer sur leur chemin en toute autonomie. 

Multiculturelle dès l’enfance, ayant vécu dans différents pays et pratiqué différentes professions en changeant plusieurs fois de voie, je suis convaincue que notre diversité est notre plus grand bien commun, dont il faut prendre soin au niveau individuel et au niveau de la planète. Ma pratique est à l’image de mon expérience : unique, avec sa propre histoire et ses propres sensibilités, avec des démarches et des outils variés, qui peuvent être utilisés au choix suivant le contexte et les besoins qui se font sentir. 

Je souhaite ouvrir la voie pour une communauté qui partage ces valeurs humaines et j’œuvre pour une vision globale de l'humain et pour des prises en charge holistiques.

Mes sujets de prédilection :

- écologie et nature
- cuisine et alimentation individualisée
- pleine conscience et créativité
- haute sensibilité et multiculturalité
- lecture et écriture
- différences culturelles
- liens et ponts
- corps et âme
- curiosité et apprentissage
- voyage vers Soi
- burn out et transformation
- slow life et DIY

Et toute autre chose qui capte mon attention en chemin.

Si ce sont aussi des sujets importants pour vous, abonnez-vous à la newsletter et partageons autour de ces thématiques qui nous passionnent.

Si vous vous intéressez plus à mon travail, visiter pour les questions liées à la nourriture www.alimentation-integrative.fr et si vous vous intéressez à la thérapie et les formations pour les professionnels, suivez ce chemin : www.gabriellatamas.fr

Chaleureusement

Gabriella Tamas